Histoire de Lentigny

Un peu d’histoire

Retrouvez un peu de l'histoire de notre commune, en quelques images et quelques mots, sélectionnées et commentées par Gérard Specklin.

Les temps anciens (avant la révolution)

Les traces laissées par nos lointains ancêtres sont rares sur la commune. On a trouvé du côté du Pont des fragments de tuiles et de vases gallo-romains. La topographie garde le souvenir de cette période à travers des noms comme celui de la fontaine de Mercol (référence au culte de Mercure) qui prendra le nom de fontaine de Saint Marc avec le christianisme, dont on suppose qu’il s’agit de la Grand Font (route d’Ouches) et qui sera un lieu de pèlerinage jusqu’au début du 20ème siècle.

Le nom de Lentigny viendrait de Lentinius, nom d’un homme gallo-romain.

 

Croix rapeauLa croix rapeau (sans doute déformation de rameaux), que la légende fait remonter au XIème siècle, date probablement du début du XIXème

 

Une des premières citations de Lentigny dans les textes anciens (que l’on trouve écrit sous les formes Lentiniacum, Letilliaco, Lantigneu, Lentignhe, Lantigny etc.) date du 11ème siècle : la famille dont le nom est « de Roanne » (ou « de Roannais ») donne sa terre de Lentigny à l’Eglise de Lyon. En 1173, une transaction entre les Comtes du Forez et les chanoines de Lyon stipule que sur les territoires de Lentigny, Bully et Cordelle, la haute justice appartient au comte du Forez, « dont les officiers connaîtront des forfaits pour lesquels le coupable mérite la mort, mutilation des membres et tout autre peine corporelle ». Les hommes de Lentigny sont tenus de « venir à la manœuvre au château de Saint-Maurice, lequel ils seront tenus également de réparer, et pour ce, devront deux jours chaque année lorsqu’ils en seront requis pour le châtelain dudit comte ; cependant ils ne pourront être convoqués dans le temps des moissons et des vendanges. »

Au 12ème siècle, Lentigny est érigé en paroisse par les chanoines de Lyon. Grâce à leur générosité, les habitants de Lentigny font construire une petite église qu’ils placent sous le double vocable de l’assomption de la Sainte Vierge et de Saint Roch.

Dans son testament daté du lundi après Pâques 1320, Hugues de Senonches, qui se qualifie paroissien de Lentigny, seigneur des Prés (1), demande à être enterré au tombeau que sa famille possède dans le cloître de Pouilly-les-Nonains. Il donne un baril de vin à la confrérie de St Nicolas qui se tient auprès de Saint Haon, et un pain de cire du prix de huit livres tournois pour orner l’hôtel de l’église de Lentigny.

Deux autres testaments de paroissiens de Lentigny, celui de Guillaume des Ormes du 30 mars 1387, celui de Simon Paradis d’Alberteys (2), en 1412, prévoient des dons au luminaire de la bienheureuse Vierge Marie de Lentigny.

La maison des presLa maison des Prés

 

Déjà à cette époque, la vigne était cultivée sur le territoire de Lentigny ; les crus des Prés et des Ormes jouissent même d’une certaine réputation.

A côté des deux puissants seigneurs cités (le Comte du Forez et les chanoines de Lyon), plusieurs familles nobles étaient établies dans le voisinage ; deux d’entre elles, celles des Prés et de Chatelus, possédaient des domaines exempts d’impôts et de droits seigneuriaux.

 

Chatelus en 1898Le château de Chatelus en 1898

 

En 1406, Lentigny compte 72 hommes imposables, correspondant à une population d’environ 400 habitants.

A la fin du 16ème siècle, pendant les jours troublés des guerres de religion et de la ligue (3), Lentigny a beaucoup souffert des incursions des troupes établies dans les places fortes de Villerest et de Saint-Maurice. Il y eut même une véritable bataille sur notre commune en septembre 1594. Une forte troupe de la ligue étant partie de Villerest pour piller du côté de Lentigny, Guy de la Mure, capitaine châtelain de St Maurice, chef des royalistes, le fit poursuivre par un gros de cavalerie. Toute la garnison de Villerest prit les armes pour défendre les siens, pendant que les royalistes de Saint-Maurice accouraient au secours des leurs. Bientôt, la mêlée devint générale. L’action eut lieu sur le territoire de la Prairie, situé sur un plateau traversé aujourd’hui par la route de Roanne à Villemontais. Les royalistes vainqueurs ne s’en tinrent pas là car ils vinrent mettre le siège devant Villerest où s’étaient réfugiés un grand nombre de fuyards. La place fut emportée d’assaut quelques jours plus tard et remise sous l’autorité du Roi.

En 1696, un document nous indique que « les trois-quarts des terres ne produit que du seigle. Il y a très peu de fruits. Un demi-quart est en vignes, l’autre demi-quart en prairies. Point de bois. »

Vers le milieu du 18ème siècle, malgré le peu de ressources dont ils disposaient, les curés de Lentigny faisaient de nombreuses largesses aux habitants de leur paroisse qui étaient fort pauvres « n’y ayant dans ladite paroisse que cinq petits propriétaires et tous les autres étant vignerons ou grangers ».

Carte de trudaine

Carte de Trudaine dressée entre 1745 et 1780 © Archives nationales (France) CP/F/14/8485
Lentigny, situé sur le trajet de la route royale de Roanne à Thiers, a la chance de figurer sur ce document exceptionnel.
Le bourg n’est constitué que de quelques maisons (en rouge), et il n’y a encore aucune maison au Pont
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La révolution et le 19ème siècle

Lentigny 1881 litho noirot

Lentigny en 1881 - Lithographie de Noirot

 

En 1789, les habitants de Lentigny, comme partout sur le royaume, sont appelés à rédiger un cahier de doléances. Ils déplorent une situation qui grève lourdement et injustement le produit de travail : « Ce que paye la paroisse en tailles, accessoires, capitations, vingtièmes, corvées, droits d’aides, gabelles, droits domaniaux, (...) peut être le produit effectif de son territoire. Les seuls droits perçus sur 1000 pièces de vin environ qu’elle fournit à la consommation de Paris, équivalant à plus de 900 livres, excèdent de cinq sixièmes pour chaque tonneau la valeur réelle de cette denrée sur les lieux »

Ils considèrent « qu’une des causes les plus destructrices des progrès de l’agriculture, c’est la disproportion entre le prix de l’argent et celui des terres » et que « Les lumières de la raison, le sentiment inné de la justice... ont convaincu les habitants de la paroisse de Lentigny que les privilèges que la noblesse ou le clergé distinguent du tiers-état ne peuvent pas continuer à faire supporter au dernier ordre le fardeau des dépenses d’un gouvernement qui est institué pour tous ».

Il est aussi demandé que les seigneurs acceptent le rachat des droits seigneuriaux, et les paysans espèrent «la suppression de ce qui reste des entraves à la féodalité ».

Cadastre lentigny 1810

Parmi les grandes réalisations de Napoléon, figure son cadastre (établi dans un but fiscal, il fallait faire rentrer l’argent dans les caisses de l’Etat). Le plan cadastral de Lentigny, réalisé en 1810, nous apporte de précieuses informations sur l’état d’occupation des sols de cette époque. La photo ci-dessus représente le bourg. Les bâtiments sont dessinés en rouge, sauf l’église (parcelle 604). A noter l’extrême petitesse de ce bourg, qui ne compte que 12 bâtiments (dont l’église) !

 

Le 19ème siècle voit une forte croissance démographique. La vieille église du 12ème est trop petite. Vers 1820 on en construit une nouvelle sur les bases de l’ancienne. Lentigny compte alors 300 habitants avec seulement 50 constructions. L’église est à nouveau agrandie en 1874 pour prendre son aspect actuel. Le cimetière, autour de l’église, sera déplacé l’année suivante.

Le premier recensement de Lentigny a lieu en 1846 (4). La population est de 464 habitants, mais seulement 157 dans le bourg. Le reste est réparti en 7 hameaux : l’hôme (sic), la forest, Pierre à Bois, Obertet, Chatelus, La Bruyère et les Millets. Le Pont n’est pas encore suffisamment développé pour apparaître en tant que tel. A la fin du 19ème, ce sera presque un second bourg.

 

Un industriel roannais méconnu et atypique : Emile Roustan (1877-1959)

Jusqu’à la fin du 19ème siècle, les bourgeois roannais investissaient dans des domaines agricoles autour de Roanne. Tel est le cas d’Emile Roustan, qui a fondé en 1885 une très grosse imprimerie Impasse Fontval à Roanne (aujourd’hui totalement disparue) à son retour du Cambodge où il avait fait fortune dans le commerce du caoutchouc. Il a acheté un petit domaine viticole à Lentigny, aux Millets, qui attire le regard des promeneurs avec ses deux tours en bord de route. Emile Roustan acheta également le château de la Roche qu’il restaura dans le style gothique que nous lui connaissons aujourd’hui.

Lentigny au 20ème siècle

En 1906, Lentigny, village viticole, compte 924 habitants. La chute démographique est importante après la première guerre : 666 habitants en 1921, 574 en 1931. Depuis 1931, la progression repart pour s’accélérer à partir de 1968. En 1990 Lentigny compte 1415 habitants, s’est profondément transformé, est devenu un village « urbain ».
 

Le bourg vers 1900

Le bourg de Lentigny vers 1900

 

 

 

Le bourg en 1945Lentigny en 1945

 

 

 

Le pont vers 1900Le Pont en 1900. Il y a eu jusqu’à 7 cafés ! Tout à gauche, l’hôtel des voyageurs

 

A cette époque, Lentigny est un village viticole. La crise du phylloxera dans le midi de la France a donné un véritable coup de fouet à la production de vin de la Côte Roannaise.

 

Vendanges 1895 a aubertet 1Vendanges 1895 à Aubertet

 

Les remèdes contre le phylloxera ayant entre-temps été trouvés, l’abondance des plantées provoque même une surproduction (crise de 1907) et la baisse des cours du vin. En 1908, avec une production de 27 616 hl, Lentigny bat tous ses records : 93 vignerons déclarent produire plus de 100 hl !

Cette nouvelle conjoncture, associée aux mauvaises récoltes des années précédant 1914, modifie complètement les conditions d’exploitation et entraîne une réduction progressive des surfaces, passant de près de 300 ha à moins de 20 aujourd’hui.

Après la 2ème guerre mondiale, et surtout à partir des années 60, la crise du logement sévit à Roanne et de nombreux Roannais viennent habiter Lentigny. Lentigny s’est alors beaucoup transformé pour devenir une commune mi-agricole, mi-urbaine.

 

Carnaval 1959Pendant 22 ans, de 1957 à 1979, le Carnaval de Lentigny (photo : 1959) a attiré jusqu’à 15 000 spectateurs.
Les chars et les grosses têtes se préparaient toute l’année dans les cuvages des vignerons. C’était la plus grande fête de la région.

 

Lentigny en 1980 1Lentigny en 1980

 

Lentigny aurait pu devenir une « cité-dortoir » de Roanne. La vitalité de sa vie associative montre qu’il n’en est rien !

 

 

Evolution démographique

Evolution habitantsÉvolution du nombre d’habitants de la fin du 17ème à nos jours à Lentigny
La population a quadruplé en 200 ans. La chute démarrée en 14-18 est spectaculaire, pour s’arrêter dans les années 1930

 

 

 

Aujourd’hui lieu-dit Contenson (depuis son achat par Jean-Marie Dubessey de Contenson au 18ème siècle)
2 Aujourd’hui Aubertet
3 La ligue était une organisation catholique du 16ème siècle dont le but était d’imposer la religion catholique face au protestantisme. Son succès fulgurant mit en danger la monarchie qui décida d’entrer en lutte contre les ligueurs.
4 Consultable, ainsi que le cadastre de Napoléon, l’Etat civil, etc, sur le site des archives départementales

 

 

Sources

La plus grande partie des informations est tirée du livre : « Vivre à Lentigny hier et aujourd’hui. Petites chroniques et images ». 2004.

Disponible à la médiathèque, pour approfondir l’histoire des « Oberats » (surnom des habitants de Lentigny signifiant « éperviers » !).

Vivre a lentigny hier aujourdhui